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Nicolas, sur le rail des luttes syndicales

À 33 ans, Nicolas travaille en tant qu'agent d'escale et chef de manoeuvre à la SNCF. Par conviction et pour connaître ses droits, il a décidé de se syndiquer chez Sud Rail dès la fin de sa période d'essai. Il nous partage ses luttes, son parcours syndical, ses espoirs et ses désillusions.

Manifestation contre la réforme des retraites décembre 2019
Nicolas manifestant contre la réforme des retraites - Décembre 2019 à Mulhouse

Fin 2019 et début 2020, j'ai manifesté aux côtés de Nicolas et de ses collègues cheminots en grève. J'ai admiré leur détermination, leur courage et leur engagement dans cette lutte contre la réforme des retraites menée par le gouvernement.


Se syndiquer en tant que travailleur.se


Nicolas fait partie des 20% de travailleurs.ses syndiqués au sein de la SNCF (source CheckNews). Il a voulu se syndiquer avant tout pour défendre ses droits ainsi que ceux de ses collègues vis à vis des chefs et de la direction.


" Être syndiqué aide aussi à se former sur nos droits au sein de l'entreprise et surtout, sur la réglementation souvent très complexe, voire ambiguë. Cela permet aussi d'avoir des moyens temps, c'est à dire du temps où l'on peut être dégagé de ses fonctions professionnelles pour se consacrer à des tournées syndicales pour aller voir les collègues sur le terrain par exemple. "

Parmi les différents syndicats existants, Nicolas a choisi le syndicat SUD Rail. L'acronyme SUD signifie "Solidaire, Unitaire et Démocratique". Ce syndicat a été créé suite à la grève de décembre 1995 contre le plan Juppé sur les retraites et la Sécurité sociale. Tous les travailleurs du rail, de près ou de loin peuvent se syndiquer à SUD Rail. Les cotisations sont ensuite calculées via le salaire de la personne désirant se syndiquer.


Les syndicats au coeur des luttes


SUD Rail Alsace a pour priorité de défendre le service public et les agents de la SNCF qui y contribuent. Pour Nicolas, SUD Rail est plus radical et déterminé que d'autres syndicats négociant avec le patronat, bien souvent au détriment des travailleurs.

"Des luttes syndicales, il y en a beaucoup ! Lutte contre les discriminations et le racisme, lutte contre les inégalités femmes/hommes, lutte contre les décisions grotesques prises par la Direction, les agressions, etc... À vrai dire, SUD Rail est souvent qualifié d'extrémiste parce que nos positions sont fermes et non négociables."

À partir de décembre 2019, de nombreux cheminots décident de se mettre en grève et de manifester contre la réforme des retraites. Nicolas en fait partie. Cette réforme, qui avait notamment pour conséquence de réduire les pensions retraite pour de nombreux.ses travailleurs.ses, reste pour le moment en suspend.

Manifestation contre la réforme des retraites
Manifestation contre la réforme des retraites à Mulhouse

" La grève a débuté le 5 décembre 2019. Nous avons fait plusieurs manifestations à Mulhouse, Strasbourg, avec une caisse de grève, nous avions aussi mis une cagnotte en ligne pour Mulhouse (en plus des nombreuses autres locales ou nationales). SUD Rail a tenté un rapprochement avec les Gilets Jaunes qui étaient bien souvent avec nous en manif' et durant les actions mais d'autres syndicats ont semé la zizanie ce qui fait que ça n'a pas bien pris. "

D'autres actions ont également été menées par Nicolas et ses collègues comme le bloquage du dépôt de Soléa, une action de soutien à des Gilets Jaunes nassés par les CRS lors d'une visite d'Emmanuel Macron à Bourtzwiller ou encore l'organisation d'une kermesse et d'un barbecue pour la caisse de grève.


Grève réforme des retraites
Le compte des jours de grève sur la veste de Nicolas
" Pour moi, cette grève aura duré du 5 décembre jusqu'au 13 février inclus. C'était fatiguant, moralement et physiquement, stressant parfois, bon enfant d'autres fois. C'était ma première grosse grève. "

Des syndicats pas assez radicaux ?


Cette première grande mobilisation fut pour Nicolas l'occasion de nouer des liens avec des militant.e.s et syndiqué.e.s d'autres secteurs (secteur de l'éducation, secteur hospitalier, artisans, chômeurs.ses, retraités, patrons de PME, etc.). Cependant, il en garde aussi beaucoup de frustration et un regard critique face au fonctionnement de certains syndicats.


" Les syndicats sont importants. Et j'en profite pour rappeler qu'un syndicat est à la base un outil de défense des travailleurs.ses et non une sorte d'entité décisionnaire. Pour moi, un syndicat est sensé porter les revendications de ses adhérents et non une sorte de secte où la parole d'un gourou est la marche à suivre pour tous. Bien trop souvent la parole et les actions des syndiqués est discréditée par cette vision déformée du syndicalisme. "

Il évoque notamment le problème de l'institutionnalisation de certains syndicats et leur fonctionnement bureaucratique.


" Certains ne veulent pas trop se mouiller pour ne pas être mal vu et risquer leur place. Il faudrait réellement mettre un coup de pied dans la fourmilière pour que les adhérents reprennent en main ce formidable outil de défense de nos droits, que les différents syndicats arrêtent de prêcher chacun pour leur paroisse et peut être que ça irait mieux..."

Pour aller plus loin, Nico nous invite à regarder le documentaire "Les Petites Mains Invisibles", réalisé par Révolution Permanente et Communard.e.s, sur la lutte des femmes salariées de l'entreprise Onet, à Paris.

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