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Manon, zèbre verte et engagée

L'écologie est au coeur de la vie de Manon. Que ce soit dans son travail ou dans sa vie perso, elle aspire à consommer et vivre différemment, à contre-courant du système capitaliste.

J'ai rencontré Manon au printemps 2020 suite à son annonce concernant la création d'un éco-lieu dans le Haut-Rhin. Au-delà de nos valeurs communes et de notre quête d'équilibre, j'ai trouvé en elle une force et une détermination à construire sa vie en harmonie avec la nature qui l'entoure.


Santé mentale, haut potentiel et éco-anxiété


À 30 ans, Manon se définit comme zèbre, terme utilisé pour désigner une personne à haut potentiel doté d'une sensibilité émotionnelle très développée. Ces zèbres représenteraient 2,2% de la population française soit près de 1 500 000 d'individus. Un pourcentage qui reste stable ces dernières décennies (source page Wikipédia Surdoué).


" Il y a 2 ans, suite à une dépression que je qualifiais d'éco-anxiété, j'ai décidé de consulter une psychologue. C'est là, que dès le premier entretien, elle m'a demandé si j'avais déjà été diagnostiqué "enfant à haut potentiel" plus communément appelé "Zèbre". Elle m'a alors orienté vers des ouvrages dans lesquels je me suis fortement reconnue : pensée multi-directionnelle, cerveau en constante réflexion, forte empathie pour la faune et la flore, de grandes facilités qui conduisent à un manque d'apprentissage de l'échec. C'est à la fois un cadeau et un fardeau : derrière les facultés, se cachent la solitude et l'anxiété."

Et l'éco-anxiété ne touche pas seulement les zèbres. Le réchauffement climatique et les questions environnementales préoccupent une grande partie de la population, notamment les jeunes. Dans cet article "Quand le changement climatique attaque la santé mentale : et si votre dépression était de l'éco-anxiété ?", une étude menée aux USA mentionne que près de 72% des 18-34 ans pourraient souffrir d'éco-anxiété.


Écolo sur le terrain au quotidien


C'est à partir de ses 16 ans que Manon s'est progressivement intéressée à l'écologie et au développement durable. Après une licence de chimie, elle choisit de se spécialiser dans les "procédés chimiques et développement durable".


" Plus je travaillais plus je ressentais le besoin d'être utile. J'ai alors repris des études en restant dans les sciences avec un master "sol, eau, environnement" que j'ai réalisé en alternance dans un bureau d'études spécialisé en dépollution des sols et des eaux. Lors de cette expérience, j'ai pu réaliser les dégâts que peuvent causer notre société industrielle, sur l'environnement et sur la santé ; mais aussi à quel point l'économie prime sur la biodiversité et même sur la santé humaine. "

Manon soutient également des actions locales et participe parfois aux manifestations organisées par des associations comme Alternatiba, Alsace nature, CADres, Potocyclette, Florival en transition.


C'est aussi par des actions quotidiennes que notre zèbre agit pour l'écologie en consommant au maximum local et en se déplaçant en vélo et en transports en communs dès que possible.


" Nous avons une voiture pour 2, et elle est utilisée uniquement quand les autres solutions deviennent trop compliquées. Elle ne roule que très rarement. J'achète mes vêtements d'occasion le plus souvent, et je les customise parfois. Je décore beaucoup à base de récup. J'achète souvent en vrac, même pour mes shampoings, gel douche, lessive, liquide vaisselle et huiles. "

Quand une pulsion d'achat la gagne, Manon se pose toujours la question "Est-ce indispensable ? Si oui, existe-t-il une alternative respectueuse de l'environnement et de l'humain ?"


Le projet d'un éco-lieu dans le Haut-Rhin


Il y a quelques années, Manon publia une annonce pour créer un éco-lieu dans le Haut-Rhin. Cette première tentative n’eut pas de succès mais début 2020 elle décide de publier à nouveau l’annonce sur Leboncoin et sur d’autres réseaux. Elle reçoit ainsi plusieurs dizaines de messages de personnes intéressées par ce projet de vie alternatif.


" L'initiative est née d'un besoin de montrer que d'autres façons de vivre peuvent exister et fonctionner. J'étais locataire dans une résidence qui possédait des surfaces enherbées et j'étais sidérée de voir que personne n'en profitait. À l'époque, j'avais pour projet de devenir propriétaire. Je souhaitais pouvoir posséder un jardin pour profiter de la nature au quotidien et pour pouvoir jardiner, mais seule et vu les prix en Alsace, c'était difficilement envisageable. La mutualisation des moyens me semblait être une bonne alternative, mais je voulais expérimenter quelque chose de différent, une simple copropriété ne me correspondait pas. "

Pour Manon, le succès de cette deuxième tentative s'explique grâce au 1er confinement.


" Je pense que cette crise sanitaire a accéléré les envies d'autonomie chez les personnes sensibles aux problèmes climatiques et économiques ainsi qu'aux risques d'effondrement de ce système. J'ai eu vraiment beaucoup d'espoirs pour ce projet, un groupe qui semblait solide s'est constitué, j'y ai rencontré de très jolies personnes et pour une fois, je me suis sentie comprise, au milieu de mes pairs. "

Même si le projet n'a pas abouti, Manon garde ce projet dans un coin de sa tête, pour le concrétiser un jour peut-être en couple ou à une période vie plus propice de sa vie.


" À titre collectif, je pense que le problème est que nous ayons constitué un groupe et que nous ayons essayé de réfléchir : au lieu, aux valeurs, aux activités etc, tous ensemble. Sur le principe, l'idée est louable. Sauf que dans les faits, il était très difficile de satisfaire tout le monde.
Avec le recul, je pense qu'un lieu doit d'abord être trouvé, que les bases des valeurs partagées et des activités prévues soient établies pour que ceux qui s'identifient dans ce projet puissent s'y joindre. Et non l'inverse. "

Par ailleurs, la problématique de l'acquisition foncière en Alsace reste le principal frein pour Manon

Faire que son monde soit différent


​Manon est un zèbre qui s'inspire de la nature et observe parfois les animaux avec envie.


"J'envie la facilité qu'ils ont de vivre avec ce qui les entoure, sans toujours chercher plus. J'admire la façon dont ils acceptent leur sort et le fait de ne pas être plus puissant que leur environnement."

Pour l'avenir, elle souhaite mener une vie simple et faire tout son possible pour ne pas entretenir ce système capitaliste.


" Je ne rêve pas de changer le monde à moi seule, mais de faire que mon monde soit différent. Et si j'y arrive et que d'autres y arrivent également, alors peut-être que changer le monde collectivement sera possible."

Elle rêve également de fonder une famille, de connaitre ce lien qui unit un enfant et sa mère, mais aussi d'autoriser ses enfants à se défaire de la pression sociale, et à penser "outside the box".


" Ils seront ce qu'ils veulent être même si cela signifie footballeurs et capitalistes, mais si on parle de rêver, alors je rêve qu'eux aussi soient une partie du changement. "

Envie d'en lire plus ? Manon nous conseille le best-seller Wild de Cheryl Strayed pour se recentrer sur soi et comprendre l'importance de l'autonomie dans la nature.

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