Cindy Gatimel, artiste queer et féministe
- laetitiabuob
- 24 mars 2021
- 3 min de lecture
Artiste plasticienne et militant.e au sein du collectif féministe et queer MartinE, Cindy Gatimel prône la liberté d'être soi à travers ses oeuvres engagées.

J'ai rencontré Cindy au sein du collectif MartinE en 2019. C'est ainsi que je pris conscience de l'importance de l'art plastique et de l'art performatif dans les luttes queers et féministes. En travaillant le verre, en jouant avec l'ombre et la lumière ou en devenant Thommas Gesté le temps d'un atelier, Cindy Gatimel aborde le rapport au corps, les sexualités, le militantisme mais aussi l'introspection et la rêverie.
L'art pour briser les codes hétéronormés
Pour Cindy Gatimel, l’art est un moyen de faire passer des messages, des émotions, mais également des idées politiques. Et sa place en tant qu'outil de lutte au sein des mouvements féministes et queer est centrale.
C’est un point de vue très personnel mais j’imagine que lorsque la société nous rejette, on a besoin de « lieux refuge » et l’imaginaire et l’art peuvent tenir lieu de soupape. Ce qui me laisse penser que beaucoup de personnes queers ont développée une grande sensibilité artistique et c’est peut-être pour ça que l’on retrouve autant de personnes LGBTQI+ dans le milieu artistique.

Les Drag et les Soeurs de la Perpétuelle Indulgence représentent cette soupape pour Cindy. À travers des actions festives et théâtrales, les Soeurs oeuvrent notamment pour la lutte contre le Sida et pour les droits de la communauté LGBTQI depuis 1979, date de la création du mouvement à San-Francisco. Impossible de les rater au Solidays ou en soirée, parées de leurs plus beaux bijoux, les Soeurs brillent de mille-feux et nous irradient de leur amour divin.
Iels viennent briser les codes hétéronormés, en jouer, les tourner en dérision pour y induire du feelgood… Trouver le moyen de rire de choses pas toujours drôles et le faire avec une extravagance et une impertinence qui font du bien.
Isabelle Alfonsi, historienne de l'art, lie ainsi des formes de militantisme féministe et LGBTQI à des pratiques artistiques dans son ouvrage "Pour une esthétique de l'émancipation". Elle réinscrit le travail des artistes dans leur contexte d’émergence, et fait apparaître une lignée de l'art queer dès les années 1920.
MartinE met des paillettes dans nos luttes
Et l'art queer se retrouve dans les soirées du collectif MartinE. Live painting, performances sonores et visuelles, Drag Queens & Kings, fanzine, ce collectif féministe et queer prône un militantisme festif et inclusif. MartinE aborde ainsi par de multiples angles des sujets parfois difficiles tels que le rapport au corps, les discriminations, les violences ou encore le rejet dont peuvent être victimes des groupes minorisés.
Cindy a rejoint le collectif en 2016 et évoque l'importance de ce militantisme positif.
Lorsqu’on milite, la colère et la tristesse ont vite fait de s’insinuer. C’est épuisant et il y a de plus en plus de burnout militants chez les militantEs féministEs. MartinE en se positionnant dans un militantisme positif, ne cherche pas a cacher les violences qu’elle combat derrière les paillettes, mais bien de rappeller que me si c’est dur, il y a des raisons de rester positi-f-ve-s. Que la communauté est là, que les sœurs sont là et que Beyoncé est avec nous !
Et même pendant la crise sanitaire, MartinE reste à nos côtés, et plus précisément dans nos oreilles, grâce aux podcasts disponibles sur Deezer, Spotify et Podcastaddict. Pour en savoir plus, rendez-vous sur la chaîne Youtube du collectif et sur le compte Instagram de MartinE.
Les inspirations et projets de Cindy
Pour nourrir son imaginaire artistique, Cindy Gatimel s'inspire notamment du travail et des oeuvres de Francis Bacon, Barbara Krueger, Frida Kahlo, Orlan, Niki de Saint Phalle, Katerine Ringer, Paul McCarthy, Divine, John Waters, Beth Ditto, Lady Gaga ou encore Lola Wesh.
J’aime l’art qui vient bousculer la bien-pensance, qui prône la liberté d’être soi et affirme que si le « soi » est monstrueux, ce n’est un problème que pour ceux que ça dérange.
Pour l'avenir, elle a de multiples projets artistiques et militants en tête :
- créer des lampes thérapeutiques dans une démarche d'art-thérapie avec divers publics du médico-social ;
- poursuivre une série de peintures représentant la diversité des rapports aux corps et des sexualitéS ;
- retravailler l’expérience sonore « le consentement c’est sexy » créé avec le concours de MartinE ;
- s'investir dans un projet de lutte contre la précarité menstruelle.
Vous pouvez suivre le travail de Cindy Gatimel sur le site cindygatimel.com et sur le compte Instagram @cindygatimel.
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